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Risques psychosociaux : la sous-charge de travail

Risques psychosociaux : la sous-charge de travail

POUR RÉDIGER CET ARTICLE, NOUS AVONS BÉNÉFICIÉ DU SOUTIEN ET DU PARTAGE DE CONNAISSANCES DE LA CHERCHEUSE MAHÉE GILBERT-OUIMET, DE L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À RIMOUSKI (UQAR). 

Quand on parle de charge de travail, l’attention est souvent portée sur les cas de surcharge, bien connus pour leurs effets néfastes sur la santé globale des travailleurs-euses. Pourtant, un déséquilibre dans l’autre sens — la sous-charge de travail — peut également poser un risque important, bien qu’il soit moins visible et moins souvent abordé. Cet article vise à mettre en lumière ce facteur de risque psychosocial trop souvent ignoré, en explorant ses causes, ses effets et les pistes d’action pour y remédier.

La sous-charge de travail, bien que moins documentée que la surcharge, peut également engendrer des conséquences néfastes sur les employé-e-s. Elle se produit lorsqu’un-e employé-e dispose de moins de tâches ou de responsabilités qu’il/elle n’est capable de gérer, ou lorsque ses compétences sont sous-exploitées. 

Pourquoi s'en soucier ?

Sur le plan organisationnel, la sous-charge peut contribuer à : 

  • Un climat professionnel délétère, affectant la dynamique d'équipe et la productivité globale ;

  • Un risque d'inefficience, pouvant entraîner une perte d'opportunités pour l'organisation, notamment dans des domaines où des tâches ou des projets pourraient être optimisés ;

  • Une stagnation de l'innovation, ralentissant ainsi l'adaptabilité de l'organisation face aux évolutions du marché ;

  • Des tensions entre les employé-e-s : ceux/celles qui ont des charges de travail plus lourdes peuvent ressentir du ressentiment ou de l'injustice vis-à-vis de leurs collègues sous-utilisé-e-s, perturbant l'harmonie de l'équipe.

Sur le plan individuel, une personne en situation de sous-charge de travail peut ressentir : 

  • De l'ennui, de la démotivation, un manque de sens au travail, pouvant engendrer une remise en question dans son identité professionnelle ;

  • Un désengagement, une baisse de performance, une perte de confiance en soi et en ses capacités professionnelles ou même un épuisement professionnel ;

  • Un sentiment d’isolement, créant une déconnexion de la personne sous-employée qui nuit à son engagement dans la mission de l'entreprise.

Par conséquent, la sous-charge de travail, tout comme la surcharge, représente un risque majeur pour le bien-être des employé-e-s et la performance organisationnelle. Trouver l'équilibre optimal entre charge de travail et mieux-être des employé-e-s demeure ainsi une préoccupation majeure pour promouvoir des environnements professionnels sains et productifs.

Quelles sont les causes principales ?

La sous-charge de travail peut découler de divers facteurs au sein d'un environnement professionnel : 

  • Une gestion inappropriée des ressources et de la planification des tâches au sein de l'organisation représente l’une des causes principales. Lorsque les charges de travail ne sont pas réparties de manière équilibrée, certain-e-s employé-e-s peuvent se retrouver avec un volume de travail insuffisant. De plus, les fluctuations saisonnières ou les changements dans la demande de l'entreprise peuvent créer des périodes de sous-charge pour certains départements ou employé-e-s ;

  • Les nouvelles technologies et l'automatisation croissante peuvent également contribuer à la sous-charge en remplaçant certaines tâches, laissant parfois les employé-e-s avec moins de responsabilités ;

  • Le manque de clarté dans les rôles et les responsabilités peut parfois entraîner une sous-charge ;

  • Des facteurs externes tels que des retards dans les projets, des contraintes budgétaires ou des fluctuations du marché peuvent également jouer un rôle dans la création de périodes de sous-charge de travail. 

Comment y faire face ?

Ce que l'organisation et les gestionnaires peuvent faire :

  • Évaluer régulièrement la répartition des tâches et mettre en place des outils de suivi pour surveiller la charge de travail ;

  • Proposer des opportunités de développement et créer des projets ou des missions spécifiques pour mieux utiliser les compétences ;

  • Communiquer clairement sur les attentes et les responsabilités et clarifier les rôles et définir des objectifs précis.

Ce que l'individu peut faire : 

  • Communiquer avec son supérieur et discuter des tâches ou projets auxquels il serait possible de contribuer (attention de ne pas assumer que votre supérieur sait que vous êtes en sous-charge de travail)

  • Proposer de l'aide à ses collègues (attention de ne pas prendre en charge trop de tâches)

  • Consacrer du temps au développement des compétences professionnelles (ex. suivre une formation)

  • Anticiper les tâches et les projets à venir et prendre le temps de se préparer d'avance

  • Revoir ses processus de travail afin d'améliorer son efficacité et être prêt-e lorsque la charge de travail augmentera à nouveau

Nous vous invitons également à consulter le Répertoire des pratiques organisationnelles pour réduire les risques psychosociaux du travail de l’UQAR et l’ULaval pour compléter les pistes de solutions et actions concrètes à mettre en place pour prévenir un enjeu de surcharge de travail.

Pour conclure, la sous-charge de travail mérite une attention équivalente à celle accordée à la surcharge. Bien qu’elle puisse sembler, à première vue, moins préoccupante, ses effets à moyen et long terme sur la santé psychologique, l’engagement professionnel et la performance organisationnelle sont bien réels. En favorisant un équilibre juste et dynamique de la charge de travail, les organisations contribuent à créer un milieu où chacun-e peut s’épanouir et donner le meilleur de soi.

 

Pour en savoir plus, voici d'autres ressources que vous pouvez consulter en complément d'informations:

- Risques psychosociaux : la surchage de travail

- Risques psychosociaux : quels sont les risques ciblés par la Loi modernisant le régime SST ?

- Risques psychosociaux : le harcèlement au travail

Risques psychosociaux : la violence au travail

- Risques psychosociaux : la violence conjugale ou familiale au travail

- Risques psychosociaux : la violence à caractère sexuel au travail

- Risques psychosociaux : l’exposition à un événement potentiellement traumatique

- Risques psychosociaux : l'autonomie décisonnelle

- Risques psychosociaux : quels sont les risques « émergents » ?

Information de base sur les RPS (Réseau de santé publique en santé au travail)

Les risques psychosociaux, à vous de jouer! (INSPQ)

 


Sources :

CNESST : la charge de travail

INSPQ : la charge de travail

ASSTSAS : La charge de travail, c’est une question d’équilibre

- Gilbert-Ouimet, M. (co-première auteure), Hervieux, V. (copremière auteure), Truchon, M., Bernard, G., Thibeault, J., et Lachapelle, É. (2024). Répertoire des pratiques organisationnelles pour réduire les risques psychosociaux du travail. Université du Québec à Rimouski, Université Laval

Ressources supplémentaires : 

INSPQ : Comment favoriser l’équilibre de la charge de travail?

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