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Comment réduire le technostress ?

Comment réduire le technostress ?

Hyperconnecté-e-s, stressé-e-s ? Vous n’êtes pas seul-e. Aujourd’hui, le numérique infiltre tous les aspects de notre quotidien professionnel et le technostress devient un enjeu majeur pour la santé psychologique au travail. Irritabilité, baisse de concentration, troubles de l’humeur, sentiment d’inadéquation : les impacts sont multiples, tant mentalement que physiquement. Mieux comprendre les sources du technostress permet d’adopter des stratégies réalistes pour le prévenir et retrouver un équilibre.

Comprendre les différentes formes de technostress

Le technostress peut se manifester de plusieurs façons :

  • Le technostress lié à la dépendance, soit ressentir le besoin permanent d'être connecté-e au monde via un appareil électronique.

  • Le technostress lié à la complexité, par exemple la pression de développer des compétences numérique, de prendre en main un nouveau logiciel.

  • Le technostress lié à la surcharge, qui crée une charge informationnelle trop grande, et donc une atteinte à la vie privée, un manque d'équilibre entre la vie publique et personnelle.

  • Le technostress lié à l’invasion, l’envahissement, soit aller lire le courriel de son/sa supérieur-e tard le soir car on se sent obligé-e d’y répondre.

Ces facteurs perturbent la concentration et favorisent ce qu’on appelle l’attention fragmentée : une série d’interruptions qui nous empêche de nous plonger durablement dans une tâche (il faut en moyenne 23 minutes et 15 secondes selon les données de l’Association canadienne pour la santé mentale pour retrouver notre concentration). De plus, les quatre ingrédients du stress (manque de contrôle, imprévisibilité, nouveauté et menace à l’égo) viennent aggraver la situation et fragiliser notre leadership.

Reprendre du pouvoir sur ses habitudes numériques

Comme le rappelle la chercheuse Sonia Lupien, il faut distinguer le stress du travail (inhérent aux relations, à la charge mentale) et le stress au travail (lié à des objectifs stimulants). Développer une plus grande autodétermination permet de mieux naviguer dans cette réalité numérique.

La plupart du temps, il est nécessaire de s’engager et de s’entrainer à mettre en place des ressources propres à chacun-e et d’instaurer des moments de rétrospective où l’on prend conscience de la réalité : avons-nous suivi nos objectifs ? Si non, pourquoi ? Et ici, nul besoin de se culpabiliser puisque respecter notre responsabilité envers nous-mêmes, c’est le premier pas pour se donner l’heure juste, mettre l’amour et le soin de soi en priorité. 

Nous faciliter la tâcher permet de dépasser nos automatismes pour alors faire passer l’ÊTRE avant le FAIRE. Résister à l’influence des technologies et de ses “dark patterns” conçues pour être addictives, c'est être conscient des effets de la surstimulation et choisir de ne plus leur donner autant de notre pouvoir et de notre attention afin d'en cultiver un usage plus sain.

Pour ce faire, voici quelques pistes concrètes :

  • Identifier ses sources de stress et ses signes de détresse.

  • S’observer avec bienveillance, sans se culpabiliser.

  • Créer des repères sécurisants lors de périodes de changement.

  • Résister aux automatismes numériques en rendant les bonnes habitudes plus accessibles (ex. : préparer à l’avance un lunch hors écran).

Il est important de sentir que l’on maîtrise les repères liés à nos tâches. Il est possible d’être agile tout en portant attention à se sécuriser et à se créer de nouveaux repères lorsque des changements ont lieu. Notre stress a le pouvoir de contaminer nos collègues, l’ambiance et la santé globale au travail.

Mettre en place une culture organisationnelle apaisante 

Pour commencer, il faut être en mesure d'identifier les sources de stress, d'évaluer sa santé psychologique et d’identifier les éventuels signes de détresse. La démarche la plus bénéfique reste encore de trouver notre propre zone de recharge, de continuer à évaluer ce qui nous fait le plus de bien selon les périodes et cycles de notre vie en constante évolution.

Pour vraiment contrer le technostress, les initiatives individuelles doivent être intégrées à un cadre collectif soutenant. Parmi les bonnes pratiques, notons :

  • Prendre conscience des interactions quotidiennes qui ont un impact majeur sur le sentiment de stress et la santé mentale ;

  • Se rassembler, connecter humainement en transformant les opportunités de rencontre, soit créer des occasions au-delà des 5 à 7 d’équipe très ponctuels. Ces moments de connexions soutiennent la qualité des interactions entre collègues, la qualité de présence et nous éloignent du technostress, de sa dépendance mais aussi de ses conséquences tel que le sentiment de solitude ou du manque d’appartenance ;

  • Légitimer les pratiques pour ralentir ENSEMBLE à l’échelle de l’organisation, en planifiant diverses activités au cours du mois (conférence sur l’intelligence émotionnelle, pratique de yoga, course à pied au parc entre collègues…) La démarche unit l’initiative personnelle et de groupe, elle est appuyée et légitimée par l’organisation qui peut l’officialiser et la rendre visible à l’aide d’un calendrier commun ;

  • Explorer les pratiques de temps blanc (= temps de répit) en insérant du temps pour soi non négociable bloqué dans son agenda, en programmant nos calendriers avec une condition comme laisser 5 minutes avant et après une réunion, ou encore des espaces où aucune réunion peut être planifiée ;

  • S’observer dans ses croyances limitantes : par exemple, croire que l’on est une organisation trop petite pour se permettre d’avoir une culture de soin de ses dirigeant-e-s/employé-e-s et ainsi repousser les ressources à disposition (faire des rencontres en personne, prendre des pauses…) La culture, ses habitudes seront plus tard transférées aux futurs employé-e-s.

En conclusion, le technostress ne se combat pas uniquement avec des outils numériques mieux conçus. Il se régule aussi par des décisions conscientes : ralentir, connecter autrement, se prioriser. Chaque petit pas, aussi modeste soit-il, contribue à créer une culture de travail plus humaine, durable et saine. Parce qu’au fond, réduire le technostress, c’est remettre l’humain au cœur de nos façons de travailler. Choisissons de ralentir, ensemble. 

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