Dès vos études supérieures, vous vous êtes tournée vers la kinésiologie et la santé et la sécurité du travail. Cela fait également plus de 15 ans que vous travaillez chez RV avantages sociaux. 
Le sujet de la santé et le bien-être au travail, est-il une vocation pour vous ?

"Oui, sans hésiter. Dès le départ, c’est ma passion pour l’humain et mon intérêt pour la santé qui m’ont attirée vers la kinésiologie. Un événement marquant est venu confirmer cette conviction : en travaillant dans une usine, j’ai été témoin d’un accident grave où un jeune de 25 ans a perdu une jambe. J’ai compris que la SST, ce ne sont pas que des procédures: ça peut sauver des vies.
J’ai ensuite voulu enrichir mon expertise en complétant une maîtrise en administration des affaires, spécialisée en gestion de la santé et de la sécurité du travail, pour mieux comprendre les organisations. J’ai eu l’opportunité de travailler pour une firme mandatée par les assureurs pour intervenir en réadaptation et gestion d’invalidité. Mon premier mandat consistait à faire le pont entre le volet administratif et légal des contrats d’assurance et le domaine médical, afin de faciliter les retours au travail des assurés. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je pouvais réellement faire une différence et que j’étais à la bonne place.
Depuis 2009, j’ai la chance d’évoluer chez RV avantages sociaux, où j’accompagne les clients dans l’optimisation des pratiques en santé organisationnelle."

Aujourd’hui, avec votre expérience, estimez-vous que la culture des organisations soit plus favorable à la santé et au mieux-être qu’à vos débuts ? 

"Oui. 
Il y a encore de l’éducation et de sensibilisation à faire. Cela progresse, mais le rythme effréné du travail laisse souvent peu de temps pour revoir les façons de faire. La modernisation de la loi qui aborde maintenant les facteurs de risques psychosociaux, contribue à ouvrir la discussion sur des dimensions qui étaient peu considérées auparavant. Elle incite les organisations à réfléchir autrement et à passer à l’action, ce qui représente un pas important vers des milieux de travail plus sains et équilibrés."

L’instabilité politique et économique actuelle oblige les organisations à faire des choix. Certaines sont tentées de cesser leurs programmes de santé mieux-être, qu’en pensez-vous ?  

"Si on se questionne sur la pertinence d’un programme, c’est peut-être qu’il n’est pas le bon, qu’il n’est pas adapté ou qu’il n’est pas réellement intégré à la culture de l’organisation.
Pour moi, un programme efficace doit être cohérent et faire partie intégrante des pratiques de gestion. Même dans des circonstances difficiles, il existe toujours une façon de le maintenir. Les initiatives en santé et mieux-être sont pertinentes en tout temps — et encore plus en période de crise. Un programme, c’est d’abord écouter, évaluer les besoins et investir dans des actions adaptées. Récemment, nous avons utilisé le sondage proposé par coesion, ce qui nous a permis de clarifier nos besoins et de repositionner notre démarche interne."

Selon vous, quels sont les enjeux de santé mieux-être au travail les plus importants en 2025 ?

"Les principaux enjeux sont le temps et la compréhension des rôles et responsabilités des employeurs et des personnes salariées.  La santé et le bien-être en milieu de travail ne devraient jamais se limiter à des activités ponctuelles inscrites au calendrier. Ce sont des valeurs à incarner et à transmettre à travers la culture d’entreprise.
Souvent, ce sont les équipes RH ou des personnes très motivées qui portent ce mandat, mais elles n’ont pas toujours les outils ni l’appui nécessaire de la direction. Et si la démarche est mal conçue, elle peut même nuire à l’adhésion des employé-e-s."
 

Selon-vous, quels rôles jouent la santé et le bien-être dans la fidélisation des employé-e-s ?

"Pour moi, la santé et le bien-être contribuent à créer une véritable culture santé. Une culture santé, c’est un environnement sécuritaire et favorable à la réalisation de son plein potentiel, où l’on peut aussi se permettre de se tromper pour mieux évoluer.
Les employeurs qui possèdent une culture d’entreprise forte et bien implantée ont généralement un taux de rétention plus élevé. Pour y parvenir, l’organisation doit exprimer clairement ses réelles valeurs — pas seulement sur papier, mais en les incarnant réellement et en les communiquant, afin que les employé-e-s puissent y adhérer et développer un sentiment d’appartenance.
Lorsque les valeurs de l’entreprise ne sont pas respectées, cela peut créer des conflits. Une organisation doit donc bien se connaître et être en mesure de les exprimer auprès des futur-e-s employé-e-s. Cela fait partie intégrante de la notion de bien-être et de l’identité de l’entreprise.
J’ajouterais qu’une entreprise qui possède une culture santé forte et qui met l’accent sur le bien-être attire souvent des personnes qui recherchent cela. Et par extension, ce sont généralement des personnes performantes."

Comment voyez-vous la relation entre RV avantages sociaux et coesion SP ? 

"Pour moi, vous êtes un centre de référence, une bibliothèque de la santé et du mieux-être. Vous avez des outils pertinents pour accompagner les organisations tel que le processus de certification Bien au travail. La mise en place de cohorte pour l’obtention de la reconnaissance facilite grandement la démarche.  
Vous représentez aussi une communauté de pratique où je peux m’inspirer, échanger et remettre certaines choses en question. Pour nous, faire partie de la communauté de pratique du Bas-Saint-Laurent s’est avéré extrêmement enrichissant. C’est un espace sécuritaire où l’on peut partager ses expériences et, surtout, échanger avec d’autres personnes motivées et engagées. Cela fait vraiment toute la différence."
 

Par Sébastien Dubessy