
Au fil des communautés de pratique (CoP) coordonnées et partiellement animées par ses soins, Valérie Savoie a acquis de nombreuses connaissances en la matière et surtout beaucoup beaucoup d'expérience dans le domaine. C'est donc tout naturellement qu'une chronique des CoP est née. En voici le premier extrait.
Cela fait 3 ans que je porte ce projet. Je le construis, l’analyse, le décortique, l’adapte, le valorise, l’améliore, encore.
Dès mon arrivée chez coesion SP, on m’a introduit à ce concept que je ne connaissais pas du tout. Celui des communautés de pratique. À ce moment, un projet pilote était en cours, ce qui m’a permis d’expérimenter une première séance, coanimée par deux collègues douces et bienveillantes (Véronique et Claudia), avec un groupe où la confiance était déjà établie. On a écouté, pris parole, échangé, partagé nos expériences. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre de la nécessité de ces espaces.
C’était une séance sur le lien entre la nature et la santé mentale. J’ai pleuré (pas à chaud de larmes, pleuré de façon professionnelle, vous voyez?). Parce que ce sujet vibrait tellement fort pour moi, et que ça me faisait un bien énorme de sentir qu’il était aussi important pour d’autres personnes, que nous étions connectés. J’ai peut-être eu aussi la gorge un peu serrée dû au fait d’exposer ma vulnérabilité devant un groupe, dans un contexte de travail. Une chose qui est sûre, c’est que cette rencontre a touché mon cœur, et que je m’en souviens encore aujourd’hui. Ça m’a donné envie de lire un livre sur le sujet (recommandé par l’invité du jour), que j’ai ensuite prêté à une amie qui enseigne au primaire et qui a envie d’intégrer plus d’enseignement en nature. Et nous avons lancé cette année un sous-comité SMET interne nommé session d’équipe en nature, parce que nous sommes à même d’en constater les bénéfices, sur notre créativité, engagement, plaisir au travail et sur notre bien-être.
Voilà comment une communauté de pratique agit, fait son chemin, de la présence vers la connexion, de la résonnance aux petites actions. Elle permet de s’approprier des idées, pour les incarner et les faire rayonner autour de soi. Parfois, elle stimule l’étincelle d’allumage (témoignage ici) qui amènera des changements.
J’ai réalisé qu’il y a en général très peu de place à ce genre de respiration mentale et sociale dans nos milieux de travail. De toute façon, on est toujours dans le jus, dans l’opérationnel, dans l’exécutif. Ça devient juste impossible de s’écouter, de se comprendre, et d’accueillir de nouvelles idées (qui s’ajouteraient à la longue liste de tâches à faire). Ça demande d’avoir du temps, et en a-t-on (le prend-t-on) vraiment? Je ne dis pas que c’est une fatalité, mais c’est sans contredit un des commentaires que je reçois le plus des participant-e-s de nos communautés. Que ça fait du bien de ralentir un moment, de s’offrir un temps de réflexion, de sortir du brouhaha! J’ai bien cru que je n’allais pas pouvoir me libérer, mais j’ai bien fait de venir.
On est tous là pour apprendre, mais plutôt que d’assister à une formation, on décide de bâtir ensemble notre base de connaissances, avec l’aide d’invité-e-s, mais en y ajoutant notre opinion, notre réalité, nos pratiques (bien sûr), et en mettant en commun nos ressources. C’est une autre façon d’apprendre, et je suis convaincue du grand potentiel de ce modèle, qui prône la collaboration et qui reconnaît la valeur de chacun-e. Plutôt que de finir nos rencontres « blasté-e-s », on en sort stimulé-e-s et inspiré-e-s.
Après 3 ans de développement, je suis fière de continuer à contribuer à notre mission et d’offrir l’accès à des communautés dans maintenant 8 régions du Québec. J’ai beaucoup appris, en écoutant les participant-e-s, nos collaborateurs, des responsables d’autres communautés de pratique et guides des nôtres. L’engagement et la mobilisation reste un défi, et je vois que c’est tout à fait relié au rythme de nos milieux de travail. Mais, sans équivoque, j’ai encore la flamme, ravivée par chaque rencontre que j’ai la chance de faciliter et par l’énergie de ces groupes éclectiques et allumés. Et j’espère que ce concept fera des petits, et que de plus en plus de milieux se l’approprieront pour oser communiquer ensemble, sur un pied d’égalité.
Par Valérie Savoie
Référence :
- CoP-a-soup fait référence à la série de livres « Bouillon de poulet pour l'âme », série populaire rassemblant ces récits inspirants et qui font du bien, tirés de la vie de gens ordinaires.