
Impliquer les employé-e-s dans les décisions de l’organisation est un puissant moteur d’engagement et de motivation. Pourtant, cette pratique reste sous-utilisée, surtout lorsqu’il s’agit de « petits » changements. Pourquoi ? Et surtout, comment faire mieux ? Rencontre avec Annie Boilard, du Réseau Annie RH.
Dans de nombreuses organisations, l’implication des équipes est réservée aux grandes décisions stratégiques. Mais pour des changements plus modestes — comme l’implantation d’un nouvel outil ou une modification d’horaire —, cette consultation est souvent oubliée. Et pourtant, ces petits ajustements ont eux aussi un impact réel sur le quotidien des employé-e-s.
Conseils avisés
Voici quelques conseils concrets d’Annie Boilard pour renforcer la participation des équipes, même dans des contextes contraints :
- Poser la question, même si on connaît déjà la réponse. Si la décision finale est la même, le fait d’avoir été consulté donne aux équipes un sentiment d’appropriation.
- Faire la distinction entre le “quoi” et le “comment”. Même si le “quoi” est imposé par la direction, le “comment” peut (et doit) être discuté avec les équipes.
- Accueillir les désaccords avec ouverture. Ce n’est pas le désaccord qui démotive, c’est le sentiment de ne pas avoir été écouté jusqu’au bout.
En cas de désaccord
Toutes les suggestions ne peuvent pas être retenues, l’essentiel est de respecter le processus de consultation. Lorsque certaines personnes « boudent » ou démobilisent les autres, Annie Boilard parle alors de courage de gestion : il faut parfois resserrer le suivi, même si ce n’est pas facile, car toute l’équipe en bénéficiera.
Pour se faire, elle propose de regrouper les employé-e-s réticents selon les profils de personnalité (issus du modèle DISC) :
- Profil rouge (affirmé, orienté action) : les impliquer permet de canaliser leur leadership
- Profil bleu (analytique, méthodique) : ils/elles n’aiment pas les surprises. Les consulter les aide à se préparer
- Profil vert (coopératif, loyal) : soucieux de l’harmonie, ils/elles ont besoin de savoir que tout le monde est pris en compte
- Profil jaune (créatif, sociable) : leur implication stimule la créativité collective
Notez cependant que dans certaines situations, comme avec des personnes en réinsertion professionnelle ou très éloignées du marché du travail, il faut d’abord miser sur les bases : ponctualité, fiabilité, règles de travail. L’implication viendra ensuite.
Quelques idées concrètes
-
Ateliers d’équipe pour renforcer la cohésion ;
-
Espaces de réflexion réguliers où les employé-e-s peuvent se questionner sur le sens qu’ils ou elles donnent à leur emploi ;
-
Page Facebook privée (sans commentaires) pour informer sur les projets en cours et favoriser les échanges en messages privés ;
-
Sondages éclairs (1 à 3 questions) avant d’implanter un nouveau projet ou de modifier une procédure. C’est rapide, accessible à tous-tes et ça donne une vraie voix aux employé-e-s ;
-
Invitations tournantes à certaines réunions décisionnelles pour permettre à l'employé-e d’assister, à tour de rôle, à des rencontres stratégiques (sans obligation d’y prendre la parole). Une belle façon de créer de la transparence et un sentiment de confiance.
En conclusion, impliquer les employé-e-s dans les décisions ne veut pas dire tout accepter. Cela signifie les écouter, les respecter, et leur offrir un espace pour contribuer. Même lorsque la marge de manœuvre est mince, il y a toujours un comment à co-construire. Et c’est là que se joue la véritable mobilisation.
Les idées et astuces partagées dans cet article proviennent d’une récente rencontre de communauté de pratique SMET. Pour en savoir plus ou pour participer à l'une de nos communautés de pratiques, nous vous invitons à consulter notre page web dédiée aux différentes communautés de pratique en région.